samedi, octobre 14, 2006

Posemètres

Photographier avec un appareil télémétrique un peu ancien, comme un Leica III, nécessite de savoir estimer ou mesurer la lumière pour règler correctement le couple vitesse-diaphragme. Le mieux est encore d'utiliser un posemètre dit "à main", autonome et qui permet une grande souplesse dans la façon de mesurer.
En voilà deux qui conviennent parfaitement: le Weston Master V (1963) et le Gossen Lunasix 3 (1966). Ces deux posemètres utilisent des cellules différentes: au sélénium pour le Weston, au CdS (sulfure de cadmium) pour le Gossen. Du coup le premier ne nécessite pas de pile (un avantage quand justement on utilise un appareil sans pile), tandis que le second en utilise deux (un problème potentiel car la pile au mercure d'origine (PX625 ou PX13 de1,35V) n'est plus vendue; il faut soit utiliser des piles modernes de 1,55V et re-étalonner la cellule, soit trouver des piles zinc-air Z625 assez coûteuses et d'une durée de vie limitée (18 euros la paire!), ou alors se procurer un adaptateur vendu par Gossen qui permet d'utiliser des piles à l'oxyde d'argent plus courantes (SR44, 1,55V) sans re-étalonnage de la cellule).

Le Master V est un bel objet tout en métal, d'une esthétique qui s'accorde très bien au Leica des années 50. Plus petit que le Lunasix, il est parfait pour un usage "sur le terrain", notemment en photographie urbaine. De plus son échelle indique tous les chiffres intermédiaires pour les vitesses et les diaphragmes. Son cadran s'en trouve un peu surchargé mais on retrouve ainsi "en toutes lettres" les vitesses à l'ancienne du Leica III : 1/25, 1/50, 1/100 et 1/200...

Le Lunasix 3 est un peu plus (trop?) volumineux. D''aspect classique et de construction professionelle, il fait moins "vintage" que le Weston. Plus fiable car l'élément au CdS vieillit mieux que le selenium, il est également d'une sensibilité aux basses lumières exceptionelle (-4EV) et prêt à faire face à toutes les situations.



A l'usage, les deux posemètres sont très similaires. Ils possèdent tous les deux le blocage de l'aiguille (on effectue la mesure en appuyant sur un bouton, puis la mesure est mémorisée quand on relache le bouton) et possèdent deux échelles de mesure pour les basses et les hautes lumières. Cependant, le changement d'échelle est effectuée par le bouton de mise en marche à deux positions pour la Lunasix, alors qu'il nécessite de rabattre un cache perforé pour la Weston. Les deux mains sont nécessaire pour la manoeuvre: un petit avantage à la Lunasix.


Autre différence, avec le Weston on vise "à la verticale", le cadran de lecture face à soi, tandis qu'avec le Lunasix on effectue la visée "à l'horizontale", en pointant le posemètre vers le sujet. A l'usage on peut préfèrer l'une ou lautre méthode. La visée du Lunasix est plus instinctive, mais celle du Weston permet d'observer le mouvement de l'aiguille pendant la lecture.

Enfin, toutes les deux mesurent la lumière réfléchie mais peuvent être utilisées en mode lumière incidente. Avec le Weston, il faut utiliser un accessoire indépendant: l'"Invercone" qui se clipse sur la cellule. De façon plus commode, il suffit de faire coulisser un petit clapet sur le Lunasix. A préfèrer si on utilise régulièrement la mesure en lumière incidente!
Côté budget, il faut savoir que si ces deux cellules ne sont plus vendues neuves, des modèles très proches sont toujours fabriqués: l'Euromaster II qui reprend à peu près le design du Weston Master V, et le Lunasix 3S de Gossen, qui utilise maintenant des piles contemporaines. Si ces modèles neufs sont assez coûteux (plus de 300 euros pour la Lunasix!), les deux modèles anciens sont assez courant sur la marché de l'occasion, avec des prix souvent abordables pour le Master V mais plus chers et parfois exagérés pour le Lunasix (surtout si il réclame un adaptateur de pile ou un étalonnage). Enfin pour les fauchés (!), les allergiques à la techniques, ou ceux qui ne veulent pas s'encombrer, il existe la règle des f/16 et le posemètre en papier, à télécharger gratuitement et qui conviendra très bien pour les situations courantes avec un film noir et blanc un peu tolérant!

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